Cyrille Delhaye
Docteur en musicologie
Chercheur associé au GRHIS
Professeur documentaliste
Recherches

Champs de
recherches
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Histoire de la musique moderne et contemporaine
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Bibliothéconomie de la musique contemporaine
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Histoire et analyse de la musique électroacoustique
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Génétique et réception de la musique électroacoustique
Activités de recherche
Activités de recherche
Plus largement, mon parcours universitaire m’a amené à participer à des projets de recherche collectifs tels que la rédaction de notices pour la base RPCF (Répertoire des Programmes de Concerts de France), dans le cadre de ma formation universitaire (2004), sous la direction de Patrick Taïeb (PU en musicologie) ou encore à enrichir d’une dizaine de notices la base DMCE (Dramaturgie Musicale Contemporaine en Europe) sous la direction de Giordano Ferrari (MCF en musicologie) en 2006.
Plusieurs publications et communications m’ont permis de souligner les pluralités d’approches en musique électroacoustique en soulignant par exemple l’importance du rôle des percussions (L’Education musicale, 2008), mais aussi celle de l’improvisation (Université de Rennes, en cours de publication), tout en éclairant les apports dramaturgiques d’un opéra sans texte (« Kyldex I de Henry, Nikolaïs et Schöffer », Université Paris 8, 2006). Plus récemment, Marta Grabocz (PU en musicologie) m’a récemment proposé d’éditer ma thèse chez l’Harmatthan dans la collection Perspectives musicologiques contemporaines, dont elle a la direction.
centre-iannis-xenakis.org
Le GRHIS, Groupe de Recherches HIStoire, Université de Rouen m’a confié depuis 2011 l’inventaire et le dépouillement des archives du Centre Iannis Xenakis (centre de composition musicale international plus connu sous le nom des Ateliers UPIC, ou encore CCMIX), dont les archives viennent d’être déposées à la Bibliothèque Universitaire de l’Université de Rouen. C’est un projet de rayonnement international qui m’a notamment conduit à présenter ce fonds d’archives à un symposium international au ZKM (Zentrum für Kunst und Medientechnologie) de Karlsruhe (Allemagne), et à participer à la rédaction d’appels à projets du Ministère de la Culture.
Dans le cadre de mon activité au sein du Centre Iannis Xenakis, j’organise des appels d’offres pour différents prestataires chargés de la numérisation de ce fonds (numérisation de grands formats : affiches, partitions A3), de bandes magnétiques, de DAT, de photographies et d’archives papier). Plus récemment (mars 2013), j’ai réalisé la création d’un site internet destinée à accueillir les archives du centre, à partir d’omeka : respect des protocoles OAI-PMH et formalisation des métadonnées en Dublin Core, pour faciliter le moissonnage des métadonnées en MODS de la base par les grands portails (Portail de la Musique Contemporaine, Europeana, Culture.fr).
J’ai également participé, en temps que commissaire d’exposition, à la mise en œuvre de l’exposition internationale Xenakis’s UPIC, an exhibition by the Centre Iannis Xenakis.
J’organise également depuis 2010, un cycle de conférences et de concerts intitulé les Lundis Xenakis pour la Bibliothèque Universitaire et de la MDU de l’Université de Rouen : un lundi par mois, une rencontre, un débat, une projection, un concert autour de l'oeuvre et de la pensée de Iannis Xenakis sont présentés au public. La conférence du 5 février 2014 marque le douzième Mercredi Xenakis.
J’assiste, deux fois par an dans ce cadre, le compositeur invité Rodolphe Bourotte dans la mise en place technique de concerts spatialisés de musiques électroacoustiques sur l’Université de Rouen.
2010 - present
2010 - present
Travail de thèse
Orphée de Pierre Schaeffer et Pierre Henry, (1951-2005) de palimpseste en palimpseste, Université de Rouen, Thèse de doctorat (Musicologie), Ecole doctorale Savoirs, critique et expertise ED 350, sous la direction de Pierre-Albert Castanet, soutenue le 20 octobre 2010, 997 p.
Champs de recherche et problématique
Considérant les bases de l’ouvrage d’Evelyne Gayou sur l’histoire du Groupe de Recherches Musicales de Paris, et l’ancrage avéré de la musique concrète (et par extension de la musique électroacoustique) dans les esprits, il est désormais possible d’adopter la démarche inverse de cette musicologue : recentrer la réflexion sur une seule œuvre, un incunable, qui par une multitude d’aspects recoupe et engendre bien plus que le scandale que cet opus suscita en 1953. Il s’agit d’Orphée, premier opéra de musique concrète (pour bande magnétique et interprète(s) en direct) composé par Pierre Schaeffer et Pierre Henry à partir de 1951.
Orphée, loin d’être une simple expérience isolée, amène à considérer l’ensemble du cycle que ces deux compositeurs consacrent au chantre du Rhodope, mêlant les sons originaux et les livrets des versions de départ à celles des versions corollaires (dix opus au total de 1951 à 2005) qu’ils persévèrent à établir chacun jusqu’à la fin de leur vie. Même si la lecture de différentes pièces d’archives nous apprend que ce cycle orphique apparaît d’une importance capitale aux yeux de Pierre Schaeffer, contre secondaire pour Pierre Henry, les sons d’Orphée résonnent encore dans les œuvres les plus récentes de ce dernier.
Car rapidement, à l’écoute, il s’avère que les sons les plus emblématiques d’Orphée (ou du moins ceux à la typomorphologie la plus marquée d’un point de vue schaefferien) sont cités et utilisés dans d’autres œuvres de Pierre Henry, confortant ainsi une idée déjà esquissée dans de précédents travaux universitaires, notamment à travers l’analyse comparée que j’ai proposé de deux de ses opus : Intérieur/Extérieur et Antagonisme IV. Une question se formule à partir de ce constat : En quoi l’étude musicologique d’une œuvre emblématique de la musique concrète et de ses versions corollaires peut-elle nous éclairer sur la démarche compositionnelle globale d’un de ses auteurs les plus représentatifs ?
Du point de vue de la modélisation de cette idée, vient à l’esprit la figure du palimpseste, ce "manuscrit sur parchemin que les copistes du moyen âge ont effacé pour le recouvrir d’un second texte" et où l’acception au sens figuré de ce terme laisse envisager une "œuvre dont l’état présent peut laisser supposer et apparaître des traces de versions antérieures". Par circonvolution, la modélisation par palimpseste permet d’élargir la réflexion à un corpus d’œuvres plus large que celui visé initialement : en étudiant notamment les relations que peuvent entretenir, par éclatement parcellaire, certaines oeuvres de Pierre Henry avec ce cycle orphique.
C’est de ce cheminement de pensée que découle l’ensemble du plan tripartite de la thèse :
1.Orphée de Pierre Schaeffer et Pierre Henry, aux origines du palimpseste :Contextualisation de 1951 à 1953, et étude historique approfondie. Croisement des points de vue intervenant sur la genèse et la réception des deux premières versions de cet opéra concret, tant du point de vue musical que textuel avec la conception des livrets de cet opéra. Description du dispositif technique de spatialisation sonore (pupitre potentiométrique de relief) utilisé pour le concert d’Orphée 51.
2.Orphée de Pierre Schaeffer et Pierre Henry : sur les traces du palimpseste :Où sont dénombrées, signalées chronologiquement et analysées toutes les versions corollaires de ce cycle orphique de 1953 à 2005. Analyse comparée de la genèse du livret de Maurice Béjart pour la version chorégraphiée d’Orphée qu’il a créé avec Pierre Henry en 1958.
3.Le palimpseste orphique de Pierre Schaeffer et Pierre Henry : des origines historiques à l’éclatement parcellaire :
Après avoir proposé une reconstitution musicale des deux incunables de ce cycle (étant donné la disparition pure et simple de la majeure partie des sources musicales primaires de ces opus), il est démontré à travers un protocole paradigmatique d’analyse musicale comparée par Soundspotting qu’ peut s’inscrire dans une démarche autogénérationnelle globale de composition, particularité morphologique langagière propre à Pierre Henry qui semble raisonner par « champs lexicaux d’objets sonores ».
Sources et méthodes
Outre les références aux ouvrages faisant autorité dans le champ de recherche et à la consultation de travaux de musicologues et historiens en rapport avec le sujet étudié, l’enquête historique a permis de consulter un certain nombre de fonds d’archives pour approcher au plus près la pensée de Pierre Schaeffer et Pierre Henry. Il s’agit des archives du Studio/Ré[1] (archives privées de Pierre Henry, à Paris), celles du fonds Schaeffer entreposé à l’IMEC (Institut Mémoire de l’Edition Contemporaine, à Caen) qui nécessitent l’autorisation des ayants droit[2] pour consultation, et enfin les archives du GRM (Maison de la radio, à Paris). L’Inathèque et de l’Inathèque pro[3] ont été sollicité pour l’écoute et la restauration de plusieurs émissions radiophoniques. Les réseaux traditionnels et publics d’archives (du type Centre de Documentation de la Musique Contemporaine de Paris, Bibliothèque Nationale de France, Archives Contemporaines, à Paris) ont rapidement montré leur limite au vu de la spécificité du sujet abordé, tandis que les grandes bibliothèques universitaires et celle du Conservatoire National Supérieur de Paris notamment, ont permis de consulter les usuels (notamment en langue étrangère) et ouvrages de référence en musicologie.
La spécificité des sources étudiées, inhérente au choix du sujet, a conduit à concevoir de nouveaux « instruments de musicologie » Vocable emprunté à Nicolas Donin) permettant d’archiver, de trier, d’effectuer des recherches croisées, de consulter et de localiser des sources, qui, pour beaucoup d’entre elles, sont difficilement accessibles et encore moins consultables de manière régulière et répétitive. Un protocole de consultation et d’archivage propre à ces fonds a été conçu, notamment par la création d’une base de données bibliographique (fondée sur les principes généraux que ceux utilisés pour le projet scientifique de DEA, qui consistait à créer une base de données recensant le catalogue des œuvres de Pierre Henry). Dans la mesure du possible, chaque document a été scanné et référencé informatiquement dans cette base (sauf pour le fonds Schaeffer conservé à l’IMEC, où chaque archive a été retranscrite à la main). Conçu dans l’environnement Filemaker pro 9 sous Windows XP, cet outil permet d’interroger les documents retenus dans les différents fonds, en construisant des requêtes complexes ou directement en plein texte. Enfin, il est possible de trier les résultats selon leurs degrés de nécessités afin d’en améliorer la lecture (par ordre chronologique, alphabétique, thématique, etc.).
Résulats
L’étude systématique du cycle orphique de Pierre Schaeffer et Pierre Henry a permis d’éclairer une série d’œuvres peu connues, voire inconnues du grand public, et de montrer en quoi la représentation, bien qu’à huis clos, au théâtre de l’Empire en 1951, d’Orphée 51 ou Toute la lyre était déjà visionnaire à plus d’un titre (en tant que première œuvre mixte spatialisée de l’histoire de la musique occidentale). Du point de vue d’Orphée 53, l’exploitation de la correspondance de Pierre Schaeffer éclaircit la genèse du scandale de sa création au Festival de Donaueschingen en 1953. Enfin, l’analyse systématique de l’ensemble des versions corollaires de ces deux incunables a permis de mettre en lumière la résistance des idées musicales et textuelles de départ à travers des opus ayant pourtant plus d’un demi-siècle d’écart (54 ans entre Orphée 51 et Orphée dévoilé). Partant de ce constat, qui illustre en soi un premier niveau de palimpseste, l’analyse comparée et paradigmatique d’Orphée 53, vise à démontrer que le processus compositionnel de Pierre Henry déborde du cadre défini par l’opus lui-même, et que d’une certaine manière, la figure du palimpseste peut être transposée à l’ensemble de son écriture musicale.